Bien que l’anglais ne soit pas la langue la plus parlée dans le monde en termes de locuteurs natifs, rien ni personne ne pourra lui ôter son titre de lingua franca universelle. Qui plus est, du point de vue culturel, elle s’élève au rang de langue la plus influente et la plus valorisée du globe.

Au détriment d’autres langues diffusées à échelle mondiale, telles que le français et l’espagnol, l’anglais est devenu de loin la langue étrangère la plus incontournable. Depuis le temps où les plus dévots de la langue de Voltaire, ou de celle de Garcia Lorca, ont pu réaliser qu’aucun effort, aussi immense fut-il, ne pourrait résister au courant impétueux qu’est l’anglais. Que vous soyez sous le soleil de plomb d’Abu Dhabi ou sous le ciel maussade et gris de Stockholm, vous n’échapperez pas à la présence obsédante, bien que justifiée, de la langue d’outre-Manche. Vous situerez-vous parmi ces esprits étroits qui voient son expansion d’un mauvais œil et qui entendent s’y opposer telles des fourmis obstinées à faire bouger une montagne ? Soyez certains que le succès de l’anglais n’en est qu’à ses prémisses.

L’anglais vs l’espéranto

Il y a un siècle, l’anglais détrôna le français comme lingua franca internationale et l’espéranto devint le soi-disant seul concurrent de taille – bien que de taille beaucoup plus réduite, il faut bien avouer. Par ailleurs, persister à l’idée que la Sankta Biblio (version espérantiste de la Bible) puisse un jour détrôner King James est aussi insensée que l’histoire du muet qui raconte au sourd que l’aveugle le regarde. Bien que l’espéranto en soi n’appartienne pas à la catégorie des langues mortes – on y trouve quelques rares espérantophones éparpillés aux quatre vents – on peut alléguer que sa résurrection n’est pas pour demain, et ce, en dépit des moyens financiers et humains colossaux mis en jeu en vue de son regain d’intérêt et de son apprentissage à travers le globe.

L’hégémonie de l’anglais

Pour être à même de comprendre le succès de la langue de Shakespeare, il faut notamment remonter au XIXe siècle, époque où la sphère d’influence britannique s’étendait sur l’ensemble des continents. Par ailleurs, à l’époque, il n’était pas rare d’entendre le dicton « le soleil ne se couche jamais sur l’Empire de la Couronne ». Toutefois, le passé colonial du Royaume-Uni et la démographie des pays anglo-saxons ne peuvent, à eux seuls, expliquer une telle hégémonie. L’opinion générale veut que le mérite revienne à l’ascension des États-Unis au rang de superpuissance mondiale – et son modèle économique capitaliste lato sensu – comme l’a avoué un jour la très controversée Margaret Thatcher. Cela n’est pas sans évoquer l’héritage culturel de l’après-guerre – du jazz au swing, en passant par le fast-food et les films hollywoodiens – qui fut accueilli à bras ouverts par l’Europe occidentale en guise de reconnaissance pour avoir sonné l’hallali de l’Allemagne nazie.

Sans le passé colonial britannique et sans la montée en puissance d’Oncle Sam, à l’heure qu’il est, le paysage linguistique mondial serait sans l’ombre d’un doute très différent. Quelques soient les domaines, aussi bien la science que les relations internationales, l’anglais en a largement pris le dessus et n’a cessé d’avancer à pas de géant, ce qui laisse toujours pantois plus d’un.

 

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