La traduction humaine supplantée ?

Pour certains individus rêveurs, et d’autres mal informés, la traduction automatique ne serait qu’à deux doigts de supplanter la traduction humaine. « On vit dans l’ère de la technologie ! Ce n’est qu’une question de temps », profèrent-ils avec une certitude quasi absolue. A les croire, dans quelques années, il suffira d’apposer un texte, indépendamment de la thématique ou du degré de difficulté, sur Google Traduction pour voir apparaître, comme par un tour de magie, une traduction fidèle et parfaitement exacte. Cela va sans dire, cette idée semble tellement irréalisable que même Robert Zemeckis ne s’aviserait pas à l’exploiter dans son film de science fiction « Retour vers le futur 2 ».

Si vous n’êtes pas rangé sous la première catégorie d’individus, vous êtes à même de vous douter qu’aucune autre invention ne pourrait rivaliser avec une telle obra maestra de la technologie informatique, digne d’un Léonard de Vinci des temps modernes. A cet égard, l’écart entre cette technologie frôlant l’irréalisme et l’invention du fil à couper le beurre serait abyssal. Il suffit de comprendre un minimum les enjeux de la traduction pour acquiescer à cet enchaînement d’ironies, aussi comiques et mordantes soient-elles.

Qui c’est… l’irremplaçable ?

Tout d’abord, il faut savoir qu’un traducteur automatique, en dépit de la mise au point d’un système fondé sur des calculs statistiques extrêmement complexes, dans une tentative ratée de rapprochement de l’intelligence humaine, rencontrerait toujours des difficultés insoupçonnables à venir à bout des multiples obstacles auxquels un traducteur humain se voit confronté au quotidien. En fonction du type de texte et de son degré de complexité, le traducteur envisagera de déployer telle ou telle stratégie qui sera d’une aide majeure à l’heure de l’élaboration du texte dans la langue d’arrivée ; des procédés qu’aucun traducteur non-humain ne serait capable d’intégrer.

Déjà, dépourvue de raison, qui dit raison dit raisonnement analogique, le « non-humain » s’avérerait inapte à déceler l’ambiguïté de la langue source, notamment la polysémie des mots. Plus que transposer des mots, le traducteur humain se verra transposer des équivalences, lesquelles évoluent de manière diachronique et synchronique. Qui plus est, il s’avérera primordial de tenir compte du contexte et du registre de langue, lesquels peuvent également varier.

L’autre paire de manches pour le traducteur non-humain serait l’incapacité à déceler le genre de texte, surtout quand il est question d’un texte à caractère général, lequel regroupe une multitude d’avis et de sujets différents. Toutefois, sur l’échelle de l’impossibilité, c’est la traduction de la « poésie », bête noire des traducteurs depuis l’Antiquité, qui trône au sommet. Pour la traduction d’un poème, la difficulté réside dans le simple fait qu’il existe un équilibre fragile entre le sens, le rythme et la sonorité des phrases.

Pas de place au doute !

L’être humain est de ce fait irremplaçable. En somme, l’idée selon laquelle la traduction automatique aura un jour raison de la traduction humaine est non seulement fausse, mais absurde.  Après tout, qui sait peut-être dans un avenir très, très lointain !